Les pères fondateurs du rap

Le rap a plusieurs pères fondateurs, les plus célèbres étant DJ Kool Herc, Grandmaster Flash ou Afrika Bambaataa. Ils ont eu pour point commun d’animer les block party du Bronx au milieu des années 70 à New York.

Kool Herc

Kool Herc, de son vrai nom Clive Campbell, est d’origine jamaïcaine. Il est véritablement l’un des pères fondateur de la culture hip-hop et est officiellement considéré par les spécialistes comme le premier DJ de l’histoire du hip-hop. Il développe et popularise la technique du breakbeat.

Kool Herc est l’initiateur, dans le Bronx, vers 1973, de rencontres plus ou moins improvisées de DJ’s, les premières « Block Party ».

Malheureusement pour Kool Herc, victime d’une agression à l’arme blanche à la fin des années 70, il ne reçut pas toujours le respect qui lui est dû, se voyant régulièrement relégué derrière Grandmaster Flash ou Afrika Bambaataa.

Grandmaster Flash

Originaire de Fox Street, quartier violent du South Bronx, en raison de son habileté à changer les disques, parfois les mains dans le dos ou même avec les pieds, il gagne le surnom de Grandmaster. Sa rapidité d’exécution lui vaut celui de Flash par référence au héros de BD. Il trace des repères sur ses disques pour démarrer le break au bon moment, le cutting était né. C’est également un des pionniers du scratch et du remix.

Il forme son propre groupe à la fin des années 70, composé de Cowboy, Melle Mel et Kid Creole. Deux autres MC’s arriveront par la suite, Rahiem (ancien membre des Funky 4+1) et Scorpio pour former Grandmaster Flash & the Furious Five.

En 1982, « The Message » de Grandmaster Flash devient disque de platine en moins d’un mois, Il s’agit du premier grand tube hip-hop. Il confirme l’importance du rap et de ses thèmes dans le paysage musical. Ses textes, parfois très virulents contre les symboles du pouvoir, la police ou la justice, ont stigmatisé le rap pour une partie de la population. Les critiques violentes sont en fait assez minoritaires et l’aspect contestataire se limite le plus souvent à une dénonciation qui passe par les descriptions des problèmes sociaux tels que l’homophobie, le racisme, la pauvreté, le chômage, l’exclusion.

Afrika Bambaataa

De son véritable nom, Kevin Donovan, chef de gang des Bronx River Projects, une fraction des Black Spades, inspiré par le film « Zulu » de 1964, qui relate la bataille légendaire en 1879 entre les troupes coloniales britanniques et une tribu Zulu sud-africaine, prend le pseudonyme d’Afrika Bambaataa, nom du chef de cette tribu.

Alors que l’héroïne fait des ravages dans le Bronx, Afrika Bambaataa (aka Bam) fréquente le gang des Black Spades. En 1971, il se forme alors au DJing avec Kool DJ D et Disco King, deux anciens Spades. Mais contrairement à eux et dans la lignée de DJ Kool Herc, il privilégie le break sur la chanson. Il créée une première organisation qu’il appelle la Bronx River Organization. Une sorte d’alternative aux gangs.

Il voyage en Afrique et en Europe après avoir gagné un concours de rédaction au lycée. Ce voyage et le décès de son cousin Soulski tué par la police en 1975 sont un tournant dans sa vie et lui ouvrent les yeux sur beaucoup d’aspects.

A l’été 1975, Bambaataa lance sa Zulu Nation, mouvement artistique et pacifiste qui étendra son influence jusqu’en Europe au milieu des années 80. La Zulu Nation est inspirée de cette tribu d’Afrique du Sud qui est devenue un empire sous le commandement de Shaka Zulu. Afrika Bambaataa reprend la symbolique unificatrice et positive du chef Zulu qui devient la base éthique de la culture hip-hop : « Peace-Love-Unity, Get busy ! Moove ! Having Fun ! ».

Au travers de la Zulu Nation, Bambaataa veut diffuser ses principes d’ouverture d’esprit, de connaissance, de sagesse, de compréhension, de respect. Son titre le plus fameux est incontestablement « Planet Rock ». Afrika Bambaataa s’impose comme la première idole internationale du mouvement hip-hop.

Et les autres …

En 1979, le titre « Rapper’s Delight » de Sugarhill Gang devient le premier single de hip-hop à entrer dans le Top 40 américain. Le rap sort alors officiellement des ghettos new-yorkais.

La première trace discographique du rap est cependant le maxi de Fatback « King Tim III (Personnality Jock) » sorti en 1979. En 1980 les titres enregistrés se succèdent, avec notamment « The Breaks » de Kurtis Blow, puis « Rap-O Clap-O » de Joe Bataan (musicien de salsa, ancien gangster originaire de Spanish Harlem). On peut citer encore parmi les premiers rappers à laisser une trace enregistrée T-Ski Valley, Fearless Four ou Funky 4+1 … Quasiment toutes ces sorties se font sur le label Sugarhill Records qui s’impose comme le premier label rap, point d’ancrage des rappers.

Au début des années 80, les grands labels ne produisent pas encore de rap, au contraire de labels indépendants comme Enjoy Records ou Sugarhill Records. A cette époque, le style musical est très funky et électronique avec des basses très lourdes, on sample déjà les tubes de James Brown et les scratches deviennent très fréquents. Ainsi, c’est d’abord la musique qui permet au breakdancers de faire la fête et de s’éclater sur le break que le DJ fait tourner en boucle. A ce petit jeu, Sugar Hill Gang, les Funky 4+1 More, les Cash Crew, les Treacherous Three ou les West Street Mob sont les plus doués.