Les principales innovations du rap
Les blocks party deviennent à la fois des lieux de brassage musical (entre disco, électro, funk, sons jamaïcains), mais aussi d’innovations de gestuelles (breaking, electric Boogie) et de Deejaying (dubbing, scratch, breakbeat, remix).
Le breakbeat
Kool Herc est l’inventeur du breakbeat. En 1973, Kool Herc a l’idée de jouer seulement les passages les plus rythmés de ses disques de funk et de les enchaîner sur deux platines jumelées. Il remarque que le public réagit mieux à ces passages d’instrumentaux rythmiques. Cette technique lui permet de « mettre en suspens » le titre joué et permet au public de s’immerger dans le « rythme ».
Le breakbeat se caractérise donc par la présence de rythmes binaires très syncopés et l’utilisation intense de polyrythmes. Les danseurs de hip-hop se nomment breakers (et par extension la breakdance) en rapport à ce rythme utilisé.
La table de mixage
En 1974, Grandmaster Flash, DJ renommé, électricien et bidouilleur de talent créé une des premières « mixettes », ces tables de mixage permettant de passer d’une platine à l’autre. Il met petit à petit au point ce qu’il appellera la « Quick Mix Theory » un ensemble de techniques uniquement développées dans le but de prolonger le groove, d’atténuer les cassures, de modifier et améliorer les arrangements initiaux des disques.
En bref le « Mix » :
• Le « cutting » : couper le son d’un disque à l’aide du crossfader.
• Le « backspinning » : opérer une transition entre deux disques en envoyant énergiquement vers l’arrière celui qu’on est en train de jouer tout en lançant, dans la foulée, celui qu’on veut introduire.
• Le « phasing » : consiste à toucher brièvement le vinyle avec le pouce ouvert et permet de placer une ou plusieurs pauses sur un aller ou un retour.
• Le « pass-pass » : technique permettant, en utilisant deux exemplaires identiques d’un même disque et en les manipulant alternativement, de rallonger les fameux « break ».
Le scratch
Grand Wizard Theodore est l’inventeur du scratch en 1975 tout à fait par hasard dans sa chambre. En voulant stopper un disque, il pose sa main dessus et est surpris par le bruit qu’il entend. Après avoir passé du temps à maîtriser cette nouvelle technique, il en profite pour faire découvrir dans ses soirées son nouveau style : le scratching.
Le scratch est un procédé consistant à modifier manuellement la vitesse de lecture d’un disque vinyle sous une tête de lecture de platine vinyle, alternativement en avant et en arrière, de façon à rester sur le son et produire un effet spécial. Le son devient plus aigu lorsqu’il est accéléré et plus grave lorsqu’il est ralenti. Cette manipulation du vinyle est associée à une modification du volume (augmentation, réduction ou coupure) ce qui permet de donner un rythme à cette modulation.
Le sampler
Le premier sampler est créé vers 1984. Cet appareil permettant d’emprunter des échantillons sonores à des disques et de les incorporer à de nouvelles compositions en les transformant quelque peu va marquer la naissance du rap en tant que genre musical à part entière.
Un sampler permet d’enregistrer et de stocker numériquement des petits passages sonores provenant de n’importe quel appareil disposant d’une sortie électrique, comme une platine-disque. Les producteurs ont donc pu échantillonner les sons de batterie des albums de leur jeunesse. Plus important encore, ils ont pu sampler des sons de cuivre, de basse, de guitare et de piano à ajouter à leurs rythmes. Et le rap obtenait enfin son orchestration au grand complet. L’introduction des samplers a changé la manière dont le rap est produit.
Le flow
Le « flow » est un terme inventé par le rapper Rakim, ce qui signifie la manière dont le rapper chante. En effet, une même phrase peut être rappée d’un nombre infini de manières. Le flow peut se concentrer sur le rythme, se rapprocher de la parole ou bien d’une mélodie.
Le flow dépend aussi de la voix et des intonations du rapper. Les procédés poétiques classiques tels les allitérations, homéotéleutes, métaphores et assonances sont utilisées massivement. La paronomase est la figure de rhétorique reine du rap.
La mode actuelle en ce qui concerne les flows est de « surprendre » l’oreille de l’auditeur en utilisant des rythmes ternaires, dansants et changeants. Les rappers américains utilisent ce genre de procédés pour garder l’attention de l’auditeur même si celui-ci ne comprend pas les paroles, et ce dans le but de se vendre à l’internationale.