Zoe Pound

Zoe Pound : le gang haïtien qui a transformé Little Haiti en bastion criminel

Informations générales

  • Nom complet : Zoe Pound / Zoe Nation
  • Année de fondation : 1992
  • Origine : Little Haiti, Miami (Floride)
  • Présence actuelle : États-Unis, Canada, Brésil, Royaume-Uni, France, Caraïbes
  • Alliés : Crips, Bloods, Black Disciples
  • Rivaux : Sureños, Simon City Royals, groupuscules suprémacistes blancs

Des racines communautaires à la criminalité organisée

Fondé en 1992 à Little Haiti, un quartier emblématique de Miami, le Zoe Pound est né dans un contexte de tensions ethniques. À l’origine perçu par ses membres comme un mouvement de protection des jeunes Haïtiens, le gang a très rapidement dévié vers des activités criminelles, se spécialisant dans le trafic de stupéfiants. Ce glissement rapide d’une mission communautaire à une structure mafieuse en a fait l’un des cartels urbains les plus redoutés de Floride.

Le nom « Zoe », dérivé du créole haïtien signifiant « os », symbolise la force, la loyauté et la résilience du groupe. Le Zoe Pound s’impose ainsi comme un marqueur d’identité culturelle autant que criminelle.

Un gang structuré et enraciné à Miami

En quelques années, le Zoe Pound a vu ses effectifs croître de manière fulgurante. Environ 25 000 membres auraient été recensés dans la seule région de Miami, et plus de 50 000 à travers les États-Unis, selon certaines sources non officielles. Le groupe bénéficie également d’une forte présence diasporique, avec des branches au Canada, au Brésil, au Royaume-Uni, en France et dans les Caraïbes.

Cette expansion s’est appuyée sur un sentiment nationaliste fort. D’anciens membres évoquent des événements spectaculaires organisés devant des écoles ou des lieux publics à Miami : véhicules décorés aux couleurs haïtiennes, distributions de bonbons, et recrutement indirect dans un climat festif, mais stratégiquement orchestré.

Criminalité, rap et coup de force sur les quais

Le Zoe Pound s’est construit un empire basé sur le trafic de cocaïne, alimenté notamment par des connexions avec des cartels sud-américains. Little Haiti devient rapidement l’un des points chauds du trafic à Miami, où assassinats, extorsions et règlements de comptes deviennent monnaie courante.

À la fin des années 1990, le gang diversifie ses activités : blanchiment d’argent via le hip-hop, contrôle des tournages de clips musicaux dans certains quartiers, et une présence très forte dans l’écosystème culturel local, parfois légitimée par des artistes eux-mêmes liés au gang.

Un épisode marquant reste le braquage spectaculaire du 5 mars 1997, lorsque six membres lourdement armés prennent d’assaut un cargo suspecté de transporter de la cocaïne. L’équipage est séquestré et torturé. Bien que l’issue de l’opération reste floue, l’audace de l’attaque choque les autorités locales.

Une structure encore active aujourd’hui

Malgré de nombreuses arrestations, perquisitions et opérations fédérales, le Zoe Pound reste actif et influent, en particulier en Floride. Le groupe aurait maintenu ses filières grâce à des routes maritimes opérées via Haïti, servant de relais pour la drogue sud-américaine à destination des États-Unis.

Depuis les années 2010, le gang s’est également tourné vers des activités plus brutales, notamment les cambriolages violents, accompagnés dans certains cas de tortures et assassinats. Le Miami Police Department (MPD) évoque régulièrement l’empreinte sanglante laissée par Zoe Pound sur les scènes de crime.