Latin Kings

Latin Kings and Queens : de la défense identitaire à l’empire criminel

Informations générales

  • Nom complet : Almighty Latin King and Queen Nation (ALKQN)
  • Fondation : 1943, Chicago (Illinois)
  • Branches principales : Motherland (Chicago) / Bloodline (New York)
  • Présence : États-Unis, Amérique du Sud, Europe
  • Chef historique : Luis Felipe (King Blood) ; leader réformiste : Antonio Fernandez (King Tone)
  • Activités : Trafic de drogue, meurtres, extorsion, racket, criminalité organisée
  • Spécificité idéologique : Kingisme (idéologie codifiée dans un manifeste)
  • Membres féminins : Latin Queens

Des origines communautaires à la structuration du gang

L’Almighty Latin King and Queen Nation (ALKQN) est aujourd’hui considéré comme le plus grand gang de rue latino-américain des États-Unis. Fondé dans les années 1940 dans le quartier de West Humboldt Park, à Chicago, le groupe émerge dans un contexte d’immigration portoricaine massive, attirée par les opportunités économiques générées par l’effort de guerre américain.

À l’origine, l’organisation se veut un cercle communautaire luttant contre les discriminations raciales et favorisant l’intégration des jeunes Latinos. Mais très vite, les Latin Kings délaissent l’action sociale pour devenir une organisation criminelle hiérarchisée, avec une doctrine, des rituels et des lois internes strictes.

Expansion et scission géographique

Le tournant majeur a lieu en 1986, lorsque Luis Felipe, dit King Blood, quitte Chicago pour fonder une branche indépendante à New York : la Bloodline (Lignée de sang). L’ancienne branche, restée à Chicago, est connue sous le nom de Motherland (Mère Patrie). Si les deux factions partagent des symboles et une idéologie commune, elles fonctionnent de manière autonome, avec leurs propres règles de commandement.

À New York, Felipe tente de reconstituer l’organisation. Il divise le gang en sous-groupes baptisés d’après des tribus incas, afin d’instaurer un système de loyauté et d’identité culturelle. Il sera cependant arrêté peu après son installation et condamné à la prison à vie pour avoir ordonné des meurtres depuis sa cellule.

Transformation, féminisation et quête de légitimité

Sous l’impulsion de Antonio Fernandez (King Tone), la Bloodline tente un changement d’image radical à partir de 1995. Fernandez pousse les Latin Kings à s’engager dans la vie politique, les mouvements sociaux et les luttes communautaires. Il crée également une branche féminine officielle, les Latin Queens, donnant au gang une structure mixte et renforcée.

Des réunions publiques sont organisées à Harlem, à New York, attirant une nouvelle vague de membres, souvent issus de milieux marginalisés. Fernandez se présente comme un activiste et chef communautaire. Mais cette stratégie d’intégration ne suffira pas à masquer les activités criminelles persistantes du gang.

Déclin relatif et ancrage international

En 1999, Fernandez est arrêté pour trafic d’héroïne et condamné à 13 ans de prison. Sa chute marque la fin de l’ère « réformiste » du gang, qui retourne progressivement vers ses activités criminelles traditionnelles. Aujourd’hui, l’ALKQN reste actif dans la majorité des États-Unis, mais aussi dans plusieurs pays d’Amérique du Sud et d’Europe.

Le gang accueille désormais des membres de toutes origines, bien que la majorité demeure hispanique. Il est impliqué dans le trafic de drogue, les meurtres, l’extorsion, les violences, et le blanchiment d’argent, tout en continuant à revendiquer une idéologie pseudo-politique, le « Kingisme ».

Le « Manifeste du King », un document interne quasi religieux, définit les valeurs, la hiérarchie, les rituels et les obligations des membres. Une loyauté absolue à ce texte est exigée pour toute personne aspirant à rejoindre les rangs de l’organisation.