Origines et influences du rap
Au premier abord le rap semble se rapprocher de la culture africaine. En effet, le chant scandé du MC évoque les griots africains, ces poètes et musiciens qui décrivaient leurs conditions de vie et celles de leurs contemporains dans un monde en crise. De même, la musique rap est essentiellement basée sur le rythme plus que sur la mélodie, ce qui ramène aux polyrythmies de percussions africaines.
Aussi, une grande partie des premiers DJ’s et MC’s était d’origine jamaïquaine. Les sound systems jamaïcains, et la pratique du talk-over, ont donc eu un rôle majeur dans l’apparition du rap dans les ghettos noirs américains.
Les deux sources principales du rap sont la musique noire américaine (funk, soul et jazz) et la musique jamaïcaine, en particulier le reggae. Ces différents genres musicaux ont tous inspirés le rap, par leur rythmique, leur instrumentation, leurs mélodies (notamment les samples utilisés par les DJ’s). Le rap est donc l’héritage d’une longue tradition musicale depuis le gospel jusqu’au reggae. Il est né dans le Bronx, dans un quartier de New York livré à lui-même.
Spoken word
L’ancêtre le plus proche du rap est le « spoken word », apparu au début des années 1930 avec le Golden Gate Quartet un groupe de Gospel avec la chanson « Preacher and the Bear ».
Cependant, les racines les plus directes du rap remontent à la fin des années 60 à New York avec l’apparition de The Last Poets. Un collectif de jeunes noirs militants, inspirés par les discours subversifs des Black Panthers, clamant leur rage sous forme de rimes et sur fond de rythmes percutants. A la même époque The Watts Prophets en Californie, ainsi que Gil Scott Heron utilise le « spoken word ».
Le groupe The Last Poets se forme en 1969, il est proche des Black Panthers qui scandent alors leur slogan « Black Power ». Leur premier album sort en 1970. Ils vont, en parallèle à l’émergence du rap, mener une carrière de chanteurs militants, marquée par des titres comme « Niggers are scared of revolution » ou « Run, nigger, run ».
Le toasting
Parallèlement au « spoken word » et bien que par essence le hip-hop a surtout le funk comme racines, une autre influence forte dans la genèse du rap est l’apparition dès le début des années 70 du « toasting » en Jamaïque.
L’histoire de la musique est faite d’aller-retours constants et d’influences réciproques entre les différents genres. Dans les années 50, une tradition du parler en rythme sur la musique diffusée se développe chez des DJ’s noirs de Floride, animateurs de radio. Les DJ’s jamaïcains, qui captent les radios de Miami et de la Nouvelle-Orléans, s’en inspirent pour créer le « toasting ».
Les DJ’s jamaïcains se mettent à parler-chanter par-dessus des mix instrumentaux (des faces B) de hits reggae à la radio ou dans les sound-systems. Ces mix conçus pour les sound-systems va permettre le développement du dub, tandis que cette façon de chanter-parler par-dessus définit le « toasting », prémices de rap à venir. U Roy est l’un des meilleurs exemples où le rapprochement avec le rap est évident.
Au cours des années 60, le toast débarque aux États-Unis et rencontre un grand succès dans les rues des ghettos. Les techniques évoluent, le toasting s’américanise. Un DJ d’origine jamaïcaine, Kool Herc (Clive Campbell) affirme le style « DJ rap » au début des années 70.
Naissance du rap
Vers la fin des années 70, les ghettos noirs de New York organisent des « Block Party » en pleine rue. Un DJ aux platines pour le son, un MC au micro pour l’animation. Pour faire vibrer les foules, le tempo des batteries est mis à nu, c’est l’avènement du break. Le MC, lui, investit de ses paroles l’espace sonore libéré. Peu à peu, des textes rimés remplacent les onomatopées. Le verbe anglais « to rap » s’impose alors comme la meilleure définition de ce nouveau mode d’expression.
Les premiers MC’s des années 75 à 82 racontent des anecdotes, scandent des rimes matérialistes, vantardes et festives. Il n’y a à l’époque quasiment aucune profondeur dans les textes. Le premier MC à rapper des textes dépassant la simple interpellation ou animation de soirée est Coke La Rock dans les soirées de DJ Kool Herc. Melle Mel lui emboîte le pas, quant aux Cold Crush Brothers et aux Treacherous Three ce sont les premiers à mettre en place des « routines » (textes où ils s’interpellent mutuellement) qui font le tour de tout New-York et des quelques soirées hip-hop. Un microcosme se développe au fil des ans réunissant de vrais passionnés.